Il suffit parfois d’une question lancée entre deux plats pour fissurer les certitudes. “Comment appelle-t-on une famille sans enfants ?” La table se fige, les sourires se font prudents, et soudain, la définition classique de la famille vacille. Derrière ce silence, une réalité se dessine, moins tapageuse mais plus présente qu’on ne veut bien l’admettre.
Certaines personnes l’assument, d’autres la découvrent ou la subissent, mais tous s’accordent sur un point : il existe bel et bien un mot pour ces foyers hors des sentiers battus. Étrangement, ce terme reste confidentiel, comme si le nom lui-même portait encore un parfum d’interdit ou de curiosité.
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Plan de l'article
Familles sans enfants : une réalité de plus en plus visible
La famille sans enfants s’impose désormais dans le paysage social français, bousculant la figure de la famille traditionnelle — ce duo parental entouré d’enfants qui semblait indétrônable. Année après année, l’INSEE constate la progression de ces foyers en France métropolitaine. Le chiffre des familles monoparentales grimpe à 25 %, celui des familles recomposées à 9 %. Et au cœur de cette mutation, un acronyme s’invite dans la conversation : DINKS (Double Income No Kids). Ce label, inventé dans les années 1980, a trouvé une seconde jeunesse sur les réseaux sociaux — le hashtag #DINK explose, avec 340 millions de vues sur TikTok.
Ces DINKS affichent un mode de vie où la liberté et le pouvoir d’achat prennent le pas sur les contraintes parentales. D’un côté, le chiffre tombe : 217 000 euros pour élever un enfant jusqu’à sa majorité, selon CBS News. De l’autre, des projets personnels, la possibilité de voyager, une carrière menée tambour battant et une vie sans horaires dictés par les horaires scolaires. Les DINKS ne se cachent plus. Ils revendiquent — parfois avec provocation — leur choix de ne pas répondre au mythe de la famille nucléaire.
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Type de famille | Pourcentage en France (2020) |
---|---|
Famille traditionnelle | 66 % |
Famille monoparentale | 25 % |
Famille recomposée | 9 % |
Du côté des études, l’université de l’État du Michigan a tordu le cou à un vieux fantasme : non, les adultes sans enfants ne ruminent pas plus de regrets que les parents. Les réseaux sociaux, eux, servent de caisse de résonance à ce mouvement, qui redessine en profondeur l’idée de famille et de couple en France.
Quels sont les mots et expressions pour désigner ces familles ?
La sociologie familiale s’est dotée d’un vocabulaire précis pour décrire chaque configuration, et les familles sans enfants ne font pas exception. Au quotidien, on parle le plus souvent de « couple sans enfants ». L’INSEE, fidèle à son jargon, préfère « ménage sans enfant ». Mais c’est la sphère anglo-saxonne qui a frappé fort avec son acronyme : DINKS (Double Income No Kids), deux adultes actifs, aucun descendant, et une autonomie assumée.
Le lexique ne s’arrête pas là, d’autres sigles ont fleuri dans le débat public :
- DIWK (Do It With Kids) : ces parents qui vivent chaque instant avec leur progéniture. À l’opposé, les DINKS marquent leur différence par l’absence totale d’enfants.
- Parennials : une génération de parents millénials, adeptes d’une parentalité souple et bienveillante, souvent issus de la mouvance DIWK.
La famille traditionnelle — deux parents, un ou plusieurs enfants — reste majoritaire dans le paysage français, mais elle partage désormais la scène avec d’autres modèles familiaux. Statistiquement parlant, la famille sans enfant ne relève ni du modèle monoparental, ni du recomposé, ni de la famille élargie ou adoptive. Elle se résume à cette cellule de base : parfois deux adultes, parfois une seule personne.
Les mots évoluent au gré des changements de société. Cette richesse terminologique traduit la diversité des parcours, des choix de vie, et la façon dont la société apprend à nommer — et donc à reconnaître — la pluralité des trajectoires familiales.
La famille sans enfants est passée du statut d’exception à celui de réalité sociologique, et elle le clame haut et fort. Les DINKS — ces couples à double revenu sans enfants — placent la liberté individuelle et le confort financier au centre de leurs priorités. Quand l’éducation d’un enfant pèse 217 000 euros, la balance penche parfois du côté du « non ».
Les aspirations changent : recherche d’épanouissement personnel, envie de s’ouvrir au monde, de voyager, ou tout simplement refus de l’injonction à devenir parent. À cela s’ajoutent les inquiétudes liées à l’avenir : climat anxiogène, incertitudes économiques, instabilités politiques. Certains préfèrent ne pas transmettre de craintes plutôt qu’un héritage. Sur les réseaux sociaux, la parole se libère — le hashtag #DINK tutoie les 340 millions de consultations sur TikTok. Le débat public s’élargit, loin des carcans de la famille traditionnelle.
L’université de l’État du Michigan a dissipé un mythe de plus : les adultes sans enfants ne manifestent pas davantage de regrets que les parents. Face à eux, les DIWK — ces parents qui incluent systématiquement leurs enfants dans leur quotidien — incarnent une autre voie. Le paysage familial se diversifie, chaque modèle affirmant sa légitimité.
- Confort matériel, liberté de choix, rapport inédit au temps : la famille sans enfants s’impose comme une réponse possible aux défis contemporains.
- La structure familiale devient un laboratoire d’expérimentations sociales, économiques et intimes, loin des dogmes figés.
Regards et préjugés : ce que révèle le débat autour des familles sans enfants
La famille sans enfants continue de bousculer les esprits. Les DINKS, en particulier, se voient régulièrement accusés d’égoïsme par certains ténors de l’opinion publique — Elon Musk en tête, qui n’hésite pas à pointer du doigt leur supposée absence de morale. Derrière ces critiques, une interrogation persiste : comment peut-on refuser de s’inscrire dans la lignée familiale ? Sur les réseaux sociaux, la discussion est vive et les opinions tranchées. Le hashtag #DINK, avec ses centaines de millions de vues, démontre que le sujet passionne autant qu’il divise.
Ce choix de vie déplace aussi la question de la transmission et de la succession. Sans enfants ni conjoint, l’organisation de l’héritage prend une tournure différente. Rédiger un testament devient une démarche pratique et parfois nécessaire, pour nommer ses héritiers librement, sans la pression des héritiers réservataires. L’exécuteur testamentaire, garant des volontés du défunt, occupe ici une place centrale — une réalité fréquente dans ces configurations.
- Les DINKS revendiquent haut et fort leurs choix et leurs priorités, sans détour.
- La famille sans enfants oblige à repenser les notions de norme, de liberté et de filiation.
Ce débat révèle une crispation autour du modèle de la famille traditionnelle, dont le socle se fissure doucement en France, même si elle demeure majoritaire. Les statistiques publiées régulièrement par l’INSEE témoignent de la montée de ces formes familiales moins conventionnelles. Leur progression n’a rien d’anecdotique. Au fil du temps, c’est toute la place de l’individu face à la famille et à la société qui se redéfinit — et le mouvement, désormais lancé, ne semble pas près de s’arrêter.