En 2023, plus de 60 % de la population mondiale utilise quotidiennement des outils numériques, selon l’Union internationale des télécommunications. Derrière cette croissance, les besoins énergétiques du secteur dépassent désormais ceux de l’aviation civile.Les entreprises accélèrent leur transformation, mais 40 % d’entre elles déclarent manquer de compétences pour tirer parti du numérique, d’après un rapport de la Commission européenne. Pendant ce temps, les inégalités d’accès persistent, affectant directement l’inclusion sociale et l’éducation.
Plan de l'article
Le numérique aujourd’hui : chiffres clés et tendances majeures
Le numérique est aujourd’hui l’une des forces les plus actives de l’économie française, avec une progression annuelle au-delà de 6 %. Une telle dynamique s’explique sans détour : la digitalisation touche toutes les tailles d’entreprises, petites ou grandes, et particulièrement les TPE et PME. Mais cette ruée met en lumière un manque toujours criant de talents disponibles. En 2022, près d’un poste sur dix dans le numérique n’a trouvé aucun candidat. Quelles que soient les ambitions, sans collaborateurs formés, tout s’arrête.
Quelques chiffres et constats permettent de prendre la mesure de la situation :
- 63 % des dirigeants interrogés voient leurs projets numériques ralentis, incapables de dénicher les experts adéquats.
- Le numérique s’invite désormais partout : industrie, services, agriculture, santé, chaque secteur se trouve concerné.
Au niveau international, la France avance dans un environnement extrêmement concurrentiel. La Chine, notamment, multiplie les initiatives. Les infrastructures comme les data centers et le cloud redessinent les paysages industriels. Les usages progressent à vive allure : réseaux sociaux, smartphones et objets connectés transforment notre façon de produire, d’échanger et de communiquer.
Le numérique n’est pas qu’une affaire de croissance ou de performances économiques. Il impacte la société tout entière, modifie le travail, renouvelle la politique et influence nos représentations collectives. Trouver les compétences numériques nécessaires devient un défi majeur. Un écart se creuse : l’innovation avance sans relâche, mais beaucoup peinent à suivre, élargissant la fracture au sein de la société.
Quels défis environnementaux soulève la transformation numérique ?
La transformation numérique ne se fait pas sans contrepartie. Loin des promesses technologiques et de l’efficacité, sa marque écologique ne faiblit pas. Aujourd’hui, le numérique totalise 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La croissance des data centers, des réseaux et serveurs se traduit par une consommation électrique galopante. Sur le territoire français, cette part atteint 10 % de l’électricité consommée.
Les enjeux vont bien au-delà de la facture d’énergie. Fabriquer un simple ordinateur portable de 2 kg implique l’extraction de 600 kg de matières premières. Durant tout son cycle de vie, cet appareil dégagera 156 kg de CO₂, dont 103 dès la fabrication. Les équipements informatiques sont responsables de près de la moitié de l’empreinte carbone du secteur ; les data centers comptent pour un quart, les réseaux pour un peu plus du quart restant.
Ce déséquilibre se retrouve aussi dans le manque de recyclage : seuls 15 % des téléphones en fin de vie retournent dans les filières de collecte. L’extraction de matières rares entraîne des déchets dangereux, parfois acides ou radioactifs. Par ailleurs, une majorité des émissions du numérique en France proviennent de l’étranger, surtout d’Asie, où le charbon règne encore en maître dans la production d’électricité.
Un usage désormais quotidien illustre cette tension : les plateformes de streaming vidéo. Près de 300 millions de tonnes de CO₂ sont rejetées chaque année pour répondre à leur demande. L’urgence d’adopter des réflexes Green IT devient bien réelle. Moins d’obsolescence, plus de réparation, meilleure durée de vie, tri réel : chaque action s’inscrit dans une trajectoire inévitable de sobriété numérique.
Entreprises et numérique : opportunités à saisir, risques à anticiper
Le numérique a bouleversé les règles du jeu économique. Toutes les entreprises accélèrent leur transformation digitale. Ce secteur poursuit une croissance annuelle de plus de 6 %, dopée par l’innovation autour du cloud, de la data et de la virtualisation. Mais cette dynamique se heurte à une limite persistante : la pénurie de femmes et d’hommes formés. Un poste sur dix reste inoccupé. Pour 63 % des dirigeants, ce manque freine concrètement l’évolution numérique de leurs organisations.
La question des compétences numériques devient un front décisif, parfois même une question stratégique, notamment pour les PME. La formation ne suit pas le rythme effréné de la technologie. Le marché de l’emploi peine à s’aligner sur les innovations qui s’enchaînent.
L’adoption massive du cloud et des data centers fait émerger de nouveaux défis. Les entreprises composent désormais avec le RGPD, assurant la protection des données personnelles. Mais d’autres normes extraterritoriales, comme le Cloud Act américain qui autorise l’accès aux données stockées ailleurs sur la planète, tendent le jeu. L’exercice exige lucidité et vigilance permanente.
Enfin, la cybersécurité s’impose, des attaques par rançongiciels aux fuites de données ou tentatives de piratage. À chaque faille, c’est la réputation, la confiance et le chiffre d’affaires qui sont en jeu. Dans ce contexte, la stratégie numérique ne peut plus faire l’économie d’une véritable gestion des risques.
Éducation, inclusion, nouvelles compétences : comment le numérique façonne la société
L’éducation occupe une place centrale dans ce basculement : le numérique bouleverse l’accès au savoir, tout en révélant de nouveaux obstacles. Écoles, universités et organismes de formation tentent de conjuguer ambition d’inclusion et réalité de l’exclusion. Pourtant, la fracture demeure : 17 % des Français font face à l’illectronisme. Quand la maîtrise des outils fait défaut, l’accès au marché du travail se ferme, l’autonomie recule.
Les employeurs réclament constamment des compétences numériques de plus en plus fines. Là encore, près de 10 % des postes du secteur restent à pourvoir. Dans 63 % des organisations, ce manque ralentit la transition numérique. Face à cette pénurie, la formation professionnelle est appelée à évoluer vers des profils plus hybrides, capables d’accompagner et de piloter la transformation digitale.
Le numérique, malgré ses paradoxes, peut aussi ouvrir la voie à plus d’accessibilité et d’innovation sociale. Voici quelques leviers et dispositifs qui aident à réduire les distances :
- La présence de professionnels pour accompagner ceux qui peinent à gagner en autonomie sur les outils numériques.
- Le développement de solutions spécialement conçues pour les personnes en situation de handicap ou éloignées de l’emploi.
- Un suivi individualisé, afin de soutenir la montée en compétences ou favoriser l’inclusion sur la durée.
Garantir à tous l’accès aux ressources, encourager la formation permanente, suivre l’évolution rapide du marché du travail : autant de défis qui tracent la route d’une société résiliente, mieux armée pour s’adapter. Dans ce mouvement collectif, chacun peut décider de prendre les rênes ou de rester spectateur. Le numérique ne s’arrêtera pas d’avancer : à chacun de choisir son camp.
